L’Eurosatory 2018 venant de s’achever, je vous propose de faire un petit tour d’horizon (non exhaustif) des solutions et acteurs du GEOINT présents lors de ce salon très prisé. Si l’Eurosatory est un salon aujourd’hui incontournable sur la scène internationale, le GEOINT n’y faisait qu’une apparition bien timide lors de cette édition 2018. En témoigne la localisation de l’espace réservé au pôle Intelligence/Renseignement, peu mis en valeur au fond du Hall 5B.

Bien que peu représentés, j’ai néanmoins été agréablement surpris de rencontrer des acteurs français du GEOINT venus présenter fièrement leurs couleurs au milieu des imposants équipements aéroterrestres venus du monde entier. Du pôle Intelligence/Renseignement à l’Eurosatory Lab (espace dédié aux startups), ces entreprises sont venues démontrer que le made in France possède une grande force d’innovation et de nombreux savoir-faire en la matière. Au programme, cartographie intelligente, digitalisation du champ de bataille, réalité augmentée et intelligence artificielle que je vous propose de découvrir sans tarder.

Airbus

La réalité augmentée s’est invitée sur de nombreux stand lors de cette édition 2018 de l’Eurosatory et certains concepts se sont particulièrement distingués. L’Holographic Tactical Sandbox (HTS) présenté par Airbus DS fait par exemple parti de ces projet. Ayant pour vocation à remplacer les bacs à sable traditionnels en utilisant les données géographiques des armées, la visualisation 3D proposée par le HTS permet de représenter précisément l’environnement opérationnel à plusieurs utilisateurs et de l’explorer en détails lors de briefings. Le concept n’est pas sans rappeler la cartographie holographique du très populaire film Avatar de James Cameron et laisse les fans de science fiction rêveurs.

Pour réaliser cette prouesse, l’équipe d’ingénieurs s’est appuyée sur les casques de réalité augmentée HoloLens conçus par Microsoft. Les avantages de cette vision augmentée du terrain sont multiples, apporter une meilleure vision en 3D dimension du terrain en le faisant littéralement sortir de l’écran, le système permet aux utilisateurs d’interagir directement avec la maquette numérique, d’afficher différents contenus ou encore de focaliser leur attention sur une zone d’intérêt particulière. Un projet à suivre.

Earthcube

Capture esri

Spécialisée dans le domaine de l’intelligence artificielle, la société Earthcube présentait ses solutions aux côtés d’ESRI France sur le salon de l’Eurosatory. La startup française propose des services de surveillance automatisés basé sur l’imagerie spatiale à ses clients. La solution présentée par Earthcube permet de suivre jusqu’à plusieurs dizaines de sites simultanément à travers le monde sur des thématiques variés (installations militaires, prolifération, camps de migrants).

La technologie de vision artificielle développée par la startup lui permet de suivre avec précision l’évolution de constructions, détecter des véhicules ou encore identifier des changements depuis des série temporelles d’images. L’outil présenté lors du salon offre une vision synthétique de l’ensemble des informations extraites des images sur une interface qui combine une représentation cartographique et statistique des données (voir image ci-dessus). Entièrement dynamique, l’interface permet à l’utilisateur d’interagir directement avec la zone d’étude et la période d’intérêt. A l’heure ou le nombre de constellations de satellites d’observation ne cesse de croître, Earthcube propose un service prometteur pour exploiter efficacement l’avalanche d’images issues de l’observation spatiale à venir.

Geo4i

C’est à l’occasion de l’Eurosatory 2018 que Geo4i inaugurait sa plateforme d’analyse GEOINT baptisée Geospace. Cette plateforme permet la gestion des données de masse, le traitement d’images et comprend des outils d’aide à l’analyse et de saisie. Utilisant principalement des technologies Open Source, la plateforme Geospace  permet d’afficher différents types de données (images satellites, données thématiques) ainsi que d’exécuter des chaînes de traitement automatiques permettant de valoriser ces ensembles rapidement (détection de feu actif, d’objets en mer ou réalisation de cartes d’activités).

La plateforme propose également des outils intégrés pour faciliter la reconnaissance de matériels ainsi que la vectorisation de sites par les analystes directement depuis l’interface. La capacité de la plateforme a afficher plusieurs millions de points en toute fluidité n’est passée inaperçue à l’Eurosatory. Les multiples partenariats noués par Geo4i permette à l’entreprise de proposer une grande variété de contenus thématiques, tels que les données AIS (données de positionnement des navires), la base de données des radar de la jeune société Arcanit ainsi que les information issues de la plateforme de veille stratégique Cikisi (qui exposait aux côté de Geo4i).

Fort d’une grande expérience en la matière l’équipe de Geo4i a développé une plateforme qui possède de nombreux atouts pour attirer les spécialistes de l’imagerie (et du GEOINT), soucieux de fusionner des informations issues de différentes origines, sans avoir a jongler sur plusieurs outils.

Geoide Crypto&Com

Spécialisée dans les solutions de cybersécurité et d’aide à la décision, la startup Geoide Crypto & Com faisait sa première apparition au salon Eurosatory cette année. La startup présentait notamment ses solutions GOWER et STRATEGE destinée aux forces armées. Actuellement employée par le Commandement des Opérations Spéciales (COS), l’OTAN et l’Armée de Terre, la passerelle multi-niveaux GOWER (aussi connue sous le nom de BULDOG) conçue par Geoide Crypto & Com permet d’interconnecter en temps réel différents type de réseaux jusqu’à un niveau de classification secret OTAN.

A l’occasion de cet Eurosatory, Geoide présentait pour la première fois sa solution STRATEGE, une plateforme destinée aux opérationnels permettant de digitaliser le champ de bataille. Conçue pour faciliter la préparation de missions, la conduite d’opérations, elle permet surtout de centraliser l’ensemble des données produites sur un théâtre. Aujourd’hui encore, les informations produites en opération (comptes rendus de missions, analyses des différentes composantes du renseignement, observations sur le terrain, mains courantes d’événements, traces GPS, etc…) sont encore trop insuffisamment valorisées pour en permettre une exploitation réellement efficiente par les opérationnels, ce sont pourtant les premiers intéressés.

La particularité de cette plateforme et de proposer un serveur intégré dans un caisson projetable et rapidement déployable. Son interface simple et intuitive permet à tout profil d’utilisateur d’accéder rapidement aux différents contenus accumulés sur un théâtre d’opérations et de rejouer les missions passées. La démonstration dynamique présentée lors du salon permettait aux utilisateurs d’explorer et d’analyser plus de 30 000 événements sécuritaires sur la ville de Bagdad entre 2004 et 2009 en quelques clics seulement.

Geomatys

Acteur depuis 2005 dans le développement informatique spécialisé dans le traitement de l’information spatialisée, Geomatys possède une grande expertise dans les solutions open source (Geomatys a notamment contribué au développement du très populaire Geoserver). L’Eurosatory 2018 a été pour la société montpelliérenne l’occasion de présenter ses librairies open source ainsi que ses plateformes logicielles Examind qu’elle développe et commercialise. Très impliquée dans l’évolution des standards, Geomatys participe aux réunions de l’Open Geospatial Consortium (OGC) ainsi qu’à plusieurs groupes de standardisation. Ses solutions bénéficient ainsi des dernières nouveautés en matière de standard, permettant ainsi de garantir l’interopérabilité de ses produits.

La société possède aujourd’hui de bonne références dans le domaine de la Défense. Les bibliothèques de fonctionnalités développées par Geomatys sont notamment utilisées par les équipes d’Airbus DS sur le projet Geode 4D (attendu en 2019 par les armées) ainsi que chez Météo France International. La société travaille également avec Naval Group pour l’élaboration de solutions de Command & Control. Certaines des fonctionnalités présentées sur le salon semblent bien optimisées et très performantes. De l’affichage dynamique de cartes marines en vecteur 3D à partir de données S-57/S-52 au détourage de nuages de flux d’images satellite provenant du programme Sentinel en quasi temps réel, les solutions proposées par Geomatys offrent un socle de fonctionnalités suffisamment vaste pour permettre l’élaboration de solutions géospatiales susceptibles de répondre à de nombreux besoins.

Geotac Systems

Le système prédictif d’aide à la décision GEOTAC de la société Geotac Systems était affiché aux côté des solutions C4I du stand de la société Thales. GEOTAC permet de fusionner les bases de données existantes et métadonnées transmises par les capteurs pour afficher une situation complète des opérations et prédire les mouvements probables de l’ennemi en prenant l’intérim de la vidéo en cas de rupture d’ordre technique ou simplement liés aux conditions météorologiques du théâtre.

Cette solution permet de rationaliser l’emploi de la capacité ISR des drones et de gagner un temps précieux pour à la fois d’optimiser des recherches et d’économiser les potentiels humains et techniques sur un théâtre d’opération. Pour fonctionner, la solution GEOTAC utilise le module d’intelligence artificielle Predicate développé par la startup Geoide Crypto & Com qui se base sur des algorithmes d’apprentissage profond (Deep Learning). La solution intéresse fortement les forces spéciales françaises qui étudieraient actuellement les possibilités d’une expérimentation du système.

Impact

Présent à l’Eurosatory Lab ainsi que sur le stand Panasonic, la société IMPACT présentait son logiciel SIG tactique et C2 Delta Suite. Solution créée pour apporter des outils adaptés aux terrain et aux opérations spéciales, la Delta Suite permet de répondre à des problématiques métier avec une interface permettant de synthétiser les informations indispensables aux opérationnels. L’Eurosatory 2018 était aussi l’occasion pour IMPACT de présenter la version Android de la Delta Suite, adaptée à des supports tactiles de type smartphone ou tablette.

Aujourd’hui employée par le Commandement des Opérations Spéciales (COS), la Delta suite permet de s’interfacer rapidement avec de nombreux systèmes en service dans les forces armées et de fluidifier les échanges d’informations entre tous les acteurs. Le point fort de cette solution tactique, c’est son interopérabilité. Elle lui permet de s’interfacer avec de nombreux moyens de communications et capteurs aujourd’hui employés par les forces armées, des radios PRC aux dispositifs de pointages de type Vector 21/4 ou Sophie MF/XF (Thales) et des dispositifs de positionnement (balises Silex, périphériques GPS). Fort de son expérience accumulée dans les forces spéciales, la startup intervient également dans les programmes Scorpion et SICS.

Nexter systems

Déjà présenté lors du SOFINS 2017, le système de préparation de mission FINDMP développé par Nexter Systems permet de numériser le bac à sable sur une table numérique de grand format pour faciliter et accélérer le processus de prise de décision tactique pour la formation, la préparation des missions et la conduite des opérations. Le système intègre notamment le logiciel de simulation conçu par la société Masa SWORD pour faciliter l’entraînement tactique et l’évaluation de missions.

Dernière innovation en date, FINDMP se voit aujourd’hui enrichi d’un outil de réalité virtuelle et de reconstruction des bâtiments immersifs (ORBI) développé par Nexter Training. ORBI contient un outil permettant de reconstituer virtuellement – et en quelques minutes – un environnement en 3D, la partie interne du bâtiment ou une pièce à partir d’informations 2D comme des photos ou des plans. La solution  permet à l’opérateur de se déplacer à l’intérieur de la vue 3D à l’aide de Google Virtual Reality.

Magellium

Acteur reconnu de la sphère du GEOINT français, la société Magellium était également présente au salon de l’Eurosatory 2018. La société venait notamment présenter ses outils de production cartographiques, un module imagerie/cartographie intégré dans un shelter dédié au soutien des systèmes de commandement et de conduite destiné à la gestion de crise, mais aussi ses travaux dans le domaine de l’intelligence artificielle pour automatiser la production de données géographiques.

Déjà présenté le mois dernier à FOSS4G, Magellium travaille sur la classification et l’identification automatique d’objets sur des images satellites pour répondre à des besoin de cartographie d’urgence (rapid mapping) grâce à l’usage de l’intelligence artificielle. L’apprentissage automatique peut effectivement être d’une grande aide pour les cartographes, pour gagner en réactivité dans le cadre de crises humanitaires graves (tremblement de terre, ouragan, déplacement de populations, guerre, etc…). Le cas d’utilisation présenté par Magellium permet la détection de bâtiments et l’extraction automatique de leurs contours.  Les problèmes de détection généralement rencontrés ont été résolu avec une approche d’apprentissage machine combinant à la fois l’étiquetage OSM et l’imagerie satellite (Pléiades & Spot). L’intégration de la solution dans une plateforme cloud, permet de fournir les performances nécessaire à la détection et à l’extraction d’objets rapide. Une approche très prometteuse pour répondre aux challenges de production rapide auxquels font face la majorité des organismes cartographiques des armées.

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